vendredi 4 décembre 2015

Mon vote utile.

Dimanche, il faudra aller voter. Depuis des mois déjà, on en discute entre nous de ces élections régionales : « Et toi, tu vas voter pour qui au premier tour ? ». Souvent, la réponse est hésitante, évasive, parfois indéfinie, rarement définitive. Signe qu’à gauche, on se pose des questions sérieuses.

Mais cette fois, dimanche approche, alors il va falloir choisir. Pas question de s’abstenir, je fais miens les mots de Patrick Pelloux : «  Allez voter, l’ennemi c’est l’abstention, l’ennemi c’est le silence ».

Alors dimanche, je rentrerai plus tôt de Rennes, un covoiturage à 14h et j’irai voter. J’ai fait mon choix, je choisirai la liste citoyenne « Nos vie d’abord ! » du front de gauche, emmenée en île de France par Pierre Laurent, Éric Coquerel et Clémentine Autain.
C’est un choix qui ne va pas de soi pour le militant socialiste que je suis. Mais, ni trahison, ni abandon, ni désertion, c’est finalement, le choix de la raison. Je veux dire, en quelques lignes, pourquoi.
D’abord parce que depuis de longs mois, je fais partie d’un collectif. Celui qui a décidé d’agir et de militer ardemment pour qu’un nouveau chemin s’ouvre à gauche. Refusant de voir notre camp s’embourber, s’entêter et finalement s’échouer dans l’impasse des grands renoncements. Refusant la résignation qui consiste à regarder, impuissant, la gauche disparaître dans le coin du rétroviseur. Nous nous sommes donc mis en mouvement.
Ce combat pour l’émergence d’une alternative à gauche, qui rassemblerait sans exclusives, tous ceux qui n’ont pas renoncé à transformer la société : socialistes en rupture, écologistes, forces du front de gauche et énergies citoyennes, nous l’avons mené sur de nombreux terrains. Sur le terrain politique, dans notre parti, à l’occasion du congrès de Poitiers. Sur le terrain social, à l’occasion des nombreuses mobilisations auxquelles nous avons participé. Sur le terrain culturel, en construisant des convergences idéologiques, toujours plus solides, avec les autres sensibilités de la gauche autour d’une nouvelle matrice : celle de l’éco-socialisme. Alors, il serait finalement absurde de ne pas mener ce combat pour une alternative sur le terrain démocratique à l’occasion de ces élections régionales. Il serait absurde d’oublier cette tâche le temps d’un dimanche électoral, de voter comme si de rien n’était. Ne laissons pas notre volonté de construire un autre chemin à la porte du bureau de vote, comme on y laisserait son chien.
Le bureau de vote ne doit pas être un sanctuaire imperméable à nos réflexions, à nos convictions profondes et à nos combats au prétexte de « responsabilité » ou de vote « utile ». Le vote est utile quand il est au service d’une stratégie politique claire et lisible. La nôtre est de recomposer la gauche pour proposer un nouveau chemin. Le bureau de vote est un immense espace démocratique. C’est là que commence toute construction politique, que fleurit toute ambition collective. Saisissons-nous en.
Certes, en île de France, comme dans de nombreuses régions, notre volonté commune de bâtir une alternative ne s’est pas traduite dans une dynamique politique unitaire rassemblant, au-delà des chapelles partisanes. Comme souvent, les petits sectarismes, les petits réflexes d’appareils et les petites considérations personnelles des uns et des autres nous ont encore conduis à un grand échec : celui de ne pas réussir à présenter des listes qui fédéreraient les forces de gauche sincères et l’immense énergie citoyenne qui sommeille dans notre pays. Il y a un an, Benoit Hamon,  Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon participaient à un débat télévisé sur France 2 : « Une autre politique est-elle possible ? » Tous répondaient oui. Ce  grand « Oui », nous avons échoué à le traduire dans une démarche politique nouvelle.
Mais les listes citoyennes du front de gauche sont celles qui sont restées le plus fidèles à cette ambition. Il ne faut pas détourner le regard au moment où, se créé un embryon, même fragile, de l’alternative que nous voulons.

Ces listes se sont illustrées par la volonté d’élargir le rassemblement que constitue le front de gauche à une démarche inédite plus large. Des choix ont été engagés pour se donner les moyens d’une réelle implication citoyenne, au-delà des intentions. L’édifice final est instable, bien sûr. Mais la campagne a été collective, animée par un trio de candidats, les listes ont été largement ouvertes aux citoyens non-encartés, aux acteurs associatifs et syndicaux qui font vivre les luttes dans notre région. Enfin, un programme politique clairement ancré à gauche a fait la démonstration que la gauche n’était pas condamnée à une perspective « gestionnaire », mais qu’elle pouvait encore placer, au cœur de son action, la ferme volonté d’agir pour vivre mieux.
Dans l’offre politique qui nous est soumise, faire le choix, au premier tour, de voter pour les listes du front de gauche, c’est donc traduire dans le champ électoral, la volonté politique qui est la nôtre de faire émerger une alternative à gauche.

Bien sûr cela ne suffira pas. Comme il n’est pas de sauveur suprême, il n’est pas de baguette magique et un vote ne fera sans doute pas le printemps. La tâche qui sera la nôtre au lendemain des élections régionales sera aussi grande que celle qui était la nôtre hier. Mais une performance électorale des liste citoyennes et écologistes, à quelques mois d’une campagne présidentielle qui s’avance, sera incontestablement un point d’appui pour celles et ceux qui feront le choix de construire une candidature alternative à gauche en 2017.

Voilà mon choix. Ni trahison, ni abandon, ni désertion. Mon choix de la raison, mon vote utile.
Enfin, dès lundi, dans le RER de 7h18 qui m’emmènera travailler, une nouvelle question se posera : « Et maintenant, je vote quoi » ? La dessus, je veux être clair, il n’y aura pas l’ombre d’un doute. Aucune tergiversation. La liste de gauche arrivée en tête au premier tour devra emporter tous nos suffrages au second. Parce qu’il s’agira de nous protéger des ravages profonds et des grandes régressions que nous réservent la droite et l’extrême droite si elles parviennent aux responsabilités. Leur action nuirait gravement à nos régions, culturellement, économiquement, socialement. Il n’est pas question de laisser faire.
Aller, je termine mon café, mon train pour Rennes m’attend.

 

 

4 commentaires:

  1. et s"il y'a deux listes FN/Republicains?

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  2. Et si...
    Le seul argument de beaucoup contre le fait de voter pour le FDG c'est : "Et si..."
    Cela montre quand même la pauvreté du raisonnement et des propositions "Et si..."

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  3. Cher camarade,
    Les journalistes incompétents de RTL relaient ton article comme s'il s'agissait d'un article de Jean-Luc Mélenchon, parce que ce dernier l'a relayé par un tweet. Y compris tes intentions de vote au second tour, qu'ils lui attribuent : http://www.rtl.fr/actu/politique/elections-regionales-2015-en-le-de-france-jean-luc-melenchon-votera-pour-la-liste-de-pierre-laurent-7780744174
    Le commentaire que j'ai posté sur leur site il y a une moins d'une heure pour mettre le doigt sur cette erreur et dénoncer l'amateurisme des journalistes, a été supprimé. S'il t'arrive de tweeter, tu pourrais dénoncer cette erreur.
    Bien à toi

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  4. Il n'y aura pas de liste de gauche au second tour... Enfin sauf si vous considérez le PS comme à "gauche".

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